La jeunesse française, féconde et autonome

La jeunesse française, féconde et autonome

                        [ 28/12/09 ]

Selon une étude de la Commission européenne, les jeunes Françaises sont parmi les premières à quitter le domicile familial, à vivre en couple et à avoir des enfants. Une évolution qui se fait de plus en plus hors du cadre du mariage.

Toujours plus décomplexée et autonome. Tel est le portrait de la jeunesse française dressé par une étude publiée récemment par Eurostat, l'organisme statistique de la Commission européenne. Première surprise de cette enquête compilant plusieurs études récentes, les jeunes Français sont parmi les premiers en Europe à quitter le domicile familial. Les femmes prennent ainsi leur envol à 23 ans en moyenne (seules les Finlandaises faisant mieux). Quant aux garçons, ils s'en vont à 24 ans, là aussi en dessous de la moyenne européenne. Au pays du film à grand succès « Tanguy », le constat est étonnant. « La France semble se rapprocher des pays scandinaves, qui ont toujours eu pour culture de laisser partir leurs enfants tôt, contrairement aux pays du Sud pour qui la famille reste un repère à tous points de vue », explique France Prioux, chargée d'étude à l'Institut national des études démographiques (Ined). Cette autonomie est en outre révélatrice d'une certaine aisance économique : même si l'existence d'aides au logement facilite la prise de champ des jeunes Français, le départ signifie bien souvent des charges supplémentaires pour les parents. Cependant, chiffre non négligeable, près de 8 % des moins de trente ans ne peuvent pas se constituer un repas avec « viande, poulet ou poisson tous les deux jours » (9 % pour la moyenne européenne). De même, 1 sur 10 ne peut s'offrir d'ordinateur.

Des enfants relativement tôt

Qui dit autonomie ne signifie pas pour autant vie en célibataire, loin s'en faut. En 2006, plus de 42 % des femmes françaises âgées de 15 à 29 ans vivaient en couple - ce qui place l'Hexagone en troisième position derrière la Finlande et l'Islande -contre 30 % pour les hommes du même âge. Un mouvement qui se traduit par une fécondité relativement précoce par rapport à l'Union européenne (UE) : l'âge du premier enfant pour les femmes est de 28,5 ans, devant l'Allemagne (29,1 ans), ou le Royaume-Uni (30 ans). « Cela rejoint le dynamisme actuel de la natalité : plus les femmes ont des enfants tôt, plus elles ont des chances d'avoir beaucoup d'enfants », note Arnaud Régnier-Loilier, chercheur à l'Ined. Alors que la France dispose, à égalité avec l'Irlande du taux de fécondité le plus élevé d'Europe (2,02 enfants par femme et 801.000 naissances en 2008), le dynamisme se confirme : le nombre idéal d'enfants désiré par les femmes de 15 à 24 ans s'établit à 2,67 enfants, soit bien devant la moyenne de l'UE (2,36). Encore une fois, seules les Finlandaises et les Irlandaises en désirent plus.

« Plus de tabou »

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Qualité de la politique familiale, modes de garde certes insuffisant mais variés, prise de conscience de certains employeurs permettant de mieux concilier vie professionnelle et vie privée… Les facteurs sont économiques, mais aussi culturels. « Ce qui est frappant, c'est de voir comment le mariage n'est plus le cadre privilégié des naissances. Il n'y a plus de tabou à avoir des enfants hors de ce cadre », relève Arnaud Régnier-Loilier. Ainsi, sur l'année 2005, 48 % des naissances de mères âgées de 25 à 29 ans étaient hors mariage. Tous les pays n'ont pas effectué cette révolution culturelle : les naissances hors mariage issues de mères âgées de 25 à 29 ans ne représentent que 29 % des naissances pour l'Allemagne, 15 % pour l'Italie et 11 % pour la Pologne.

MAXIME AMIOT, Les Echos

                  Retrouvez l'étude                

                  d'Eurostat sur   www.lesechos.fr/documents