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23 novembre 2013

Le sort des Chibanis, peut-il être enfin amélioré ?

http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article2134

Le sort des Chibanis, peut-il être enfin amélioré ?
Publié le 19 septembre 2013
par Claire Robert
Med’in’Marseille revient sur le sort réservé aux immigrés âgés en France. En juillet 2013, une mission d’information de l’Assemblée nationale a rendu ses conclusions et énoncé 82 préconisations pour améliorer les conditions de vie des immigrés âgés. Les choses commencent à bouger. Premier volet de notre dossier, nous sommes revenus sur les problèmes spécifiques que rencontre cette population, avec l’association Ayyem Zamen qui a ouvert à Paris, « Le Café Social », à Belleville, puis dans le 20ème et a inspiré d’autres lieux en France. Des espaces d’aides et de convivialité qui s’occupent au quotidien de ce public et tentent de les défendre pour faire valoir leurs droits dans le combat contre une administration kafkaïenne.

 

En juillet 2013, la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la situation des immigrés âgés rendait ses conclusions. Prenant en compte les 800 000 immigrés âgés de plus de 55 ans (dont 350 000 personnes de plus de 65 ans) originaires de pays tiers à l’Union européenne (pays du Maghreb principalement), elle a conclu que « le sort des immigrés âgés des pays tiers doit et peut être amélioré » et qu’il y a là « un impératif politique autant qu’un devoir moral. » Dans la foulée, elle a formulé 82 propositions, dont certaines très concrètes et importantes. Quatre grandes thématiques ont été retenues :

1. La nécessité de reconnaître le rôle des populations immigrées dans l’histoire de France

2. Garantir aux immigrés âgés des conditions de logement dignes,

3. Améliorer l’accompagnement du vieillissement de ces immigrés,

4. Lever les obstacles à « la liberté de vivre sa vieillesse » entre la France et le pays d’origine. Interview de M. Moncef Labidi, directeur du Café social et de l’association Ayyem Zamen, qui signifie « Le Temps Jadis ».

Que faites-vous au café social et dans votre association Ayyem Zamen ? Moncef Labidi : Notre travail est vraiment d’aider et d’accompagner les immigrés âgés dans la vieillesse. C’est-à-dire, tous les immigrés vieillissants qu’ils soient proches de la retraite ou retraités qui sont confrontés à des difficultés d’ordre administratif, juridique ou social. Nous avons des travailleurs sociaux. Le cœur du métier, c’est quand même la retraite et les droits sociaux. Nous les aidons dans les démarches liées à la retraite, à la protection sociale et toutes les prestations de service à la personne âgée. A côté de cela, nous organisons de nombreuses activités de loisir et culturels.

Vous avez un lieu d’accueil ? M. L : Nous avons deux lieux d’accueil, le deuxième a été ouvert en 2008. Ce sont des espaces de vie conviviaux, un salon de thé. Les personnes peuvent participer à des jeux, jardiner, faire des sorties culturelles, touristiques, etc. Nous organisons des séjours de vacances, une fois l’an, un peu partout en France, des activités qui permettent aux personnes de sortir de l’isolement.

Votre association ne travaille qu’à Paris ? M.L : Comme nous avons été un peu pionnier dans notre démarche, elle a inspiré d’autres associations qui ont pu créer des lieux similaires en France. A Grenoble, à Lyon, à Bordeaux, à Orléans, à Chalon. J’adorerais faire quelque chose à Marseille.

Quels sont les problèmes majeurs que rencontrent les personnes âgées immigrés que vous côtoyez dans votre association ? M L : Les problèmes qui nous paraissent les plus importants sont l’accès et le maintien dans les droits sociaux. A chaque fois qu’un immigré retourne au pays, il peut perdre ses droits. La complexité pour eux est aussi de s’intégrer en France et de s’intégrer à nouveau dans le pays d’origine. Parce qu’au pays d’origine, les gens font le constat pénible qu’ils n’ont plus tout à fait leur place. Les autres ont beaucoup plus vécu avec l’absence de ces hommes qu’avec leur présence. A la fin, ils se retrouvent un peu perdus, ils ne savent plus à qui appartenir.

Pensez-vous que les préconisations de la mission de l’Assemblée nationale aient des chances d’aboutir ? M.L : Cette commission a fait le rapport avec beaucoup de courage et de conviction. Ce ne sera pas une baguette magique. Ce sont des habitudes à faire changer dans les administrations. Ce sont des mesures, des instructions qui doivent être claires pour que cessent les contrôles intempestifs inopinés, lesquels contrôles se transforment quasiment en ratonnades administratives, ce qui est choquant pour un public qui ne sait ni lire, ni écrire, qui ne sait pas se défendre. Si on pouvait simplifier les procédures administratives, aboutir à une forme de reconnaissance pour qu’on ne puisse plus tracasser ces personnes. Ces 82 propositions intéressantes doivent se traduire en termes de mesures. On voit très bien qu’en terme politique, la question de l’immigration a toujours été une question sensible.

Pour revenir sur les préconisations prônées par la commission, est évoquée la volonté de lever les obstacles à « la liberté de vivre sa vieillesse » entre la France et le pays d’origine, quels sont, selon vous, les obstacles les plus importants à lever ? M.L : Les raisons essentielles sont donc de se soigner et de maintenir ses prestations à l’ASPA. Les migrants âgés ont fait le choix d’être en fait dans un courant aérien entre ici et là-bas. A chaque fois, quand ils reviennent ici, ce sont des impératifs de soin qui les amènent et ceux de maintien de droit qui me paraissent indispensables à cette liberté d’aller et venir. Et l’on sait que ce sont des obligations de résidence notamment de 6 mois et un jour, sur une année pour pouvoir bénéficier de La pension de vieillesse qui relève de l’ASPA, Allocation de Solidarité pour les Personnes âgée sont un obstacle à liberté d’aller et venir. Ce qui est important, c’est de prouver que le migrant, ne s’est pas absenté plus de 6 mois du territoire national.

Le rapport prévoit deux éléments juridiques très importants « permettre aux étrangers ascendants de Français et présents sur le territoire depuis au moins 25 ans d’obtenir la nationalité et de rendre automatique, pour la personne ayant effectué au moins deux renouvellements de sa carte de résident, l’obtention d’une carte de résident permanent. » Selon vous, ces mesures sont-elles un moyen de résoudre le problème ? M.L : Le titre de résident permanent me paraît être, de loin, la meilleure proposition faite depuis longtemps. C’est tout à fait nouveau. Parce que, jusque là, les immigrés voyaient leur carte de résidence s’éteindre, et il fallait la renouveler. Et c’est sans parler de la complexité administrative pour la renouveler quand les délais sont dépassés, alors qu’elle est renouvelable de plein droit. La carte de résident permanent me paraît être une solution peu coûteuse et intéressante. Il faut, en effet, savoir que renouveler une carte de séjour coûte 209 euros, or pour quelqu’un qui touche une pension de vieillesse de 700 euros, ça représente une somme. A côté, je trouve que c’est quand même une façon de préparer un peu l’accès à la nationalité française. Par contre, à mon avis, il faut éviter le piège de l’automaticité de l’attribution de la nationalité française, il faut que ça relève au contraire d’une demande, d’un projet, d’un désir d’appartenir à cette nation. L’attribution automatique de la nationalité française, c’est ignorer que devenir Français, n’est pas rien, cela participe d’un choix, d’une volonté. Je trouve que ce n’est pas très intelligent de la rendre automatique. Que l’on puisse faciliter l’accès à la nationalité quand on totalise une vingtaine d’années de présence ici, c’est bien mais que l’on puisse accorder la nationalité dans qu’on ne l’ait demandé, c’est un peu compliqué. Parce que la plupart des gens ne souhaitent peut-être pas devenir Français. Et il faut comprendre pourquoi les gens cherchent à devenir Français. Il y a la volonté évidente de beaucoup qui aiment bien ce pays, qui y vivent depuis de longues années, qui y sont attachés, qui y ont des habitudes de vie proches des familles française. On peut dire que, pour eux, devenir Français c’est peut-être, une aspiration, ce n’est pas un contre-sens. Mais, il y en a beaucoup qui cherchent à devenir Français non pas par adhésion aux valeurs de ce pays, mais plutôt pour se mettre à l’abri d’une législation capricieuse et extrêmement changeante, c’est une façon de sanctuariser ses droits.

3/ Que répondez-vous aux personnes qui estiment que beaucoup d’étrangers ont participé à l’effort de la France et n’ont jamais pu toucher une pension de vieillesse puisqu’ils ont souvent travaillé sans contrat ou non déclaré, et pensent que l’octroie de la nationalité devrait être automatique ? M.L : Pour moi cela n’a aucun sens. La nationalité est d’abord une adhésion à des valeurs républicaines, cela relève d’un acte volontaire. Cette volonté doit être vérifiée, que l’on puisse la faciliter cela est une bonne chose, mais que la nationalité puisse être donnée de façon automatique cela n’a aucun sens.

Les préconisations prévoient aussi « la transformation des foyers de travailleurs migrants en résidences sociales mieux insérées dans la ville et dotées de structures adaptées au vieillissement et à la perte d’autonomie ». M.L : Selon moi, Les foyers devenant des résidences sociales restent des foyers améliorés, pour personnes, pour des hommes seuls. Cela veut dire que l’on va peut-être atténuer le côté triste, mais cela restera toujours une concentration d’hommes, des anciens travailleurs qui sont devenus aujourd’hui retraités. Même si les cages d’escalier ont été repeintes, les boites aux lettres rénovées cela reste toujours un foyer. Moi, je pose la question suivante : Est-ce de cette manière-là qu’on accepte que des personnes vieillissent seules, loin de la famille, dans des structures et que l’on ne se pose pas du tout la question de l’insertion de ce public dans toutes les formes d’habitat, y compris les HLM, l’accès à la propriété ou tout simplement des résidences dédiées aux personnes âgées ?Les foyers doivent conserver leur mission essentielle, à savoir loger temporairement ou de manière durable des personnes dont la mobilité sociale et professionnelle nécessite qu’elles puissent disposer d’un mode d’hébergement. C’est cela la vocation des foyers, ils n’ont jamais été faits, ni penser, pour devenir des lieux pour personnes âgés, des mouroirs quasiment. Ce n’est parce qu’il y a une concentration très importante et un vieillissement très important dans les foyers où l’on trouve beaucoup de migrants qu’il faille juste relooker un peu ces foyers, leur donner une autre dénomination, cela restera toujours des foyers.

Sur le logement des personnes âgées immigrées, que préconisez-vous dans le cadre de votre association et du Café social ? M.L : Notre association travaille à la colocation, nous avons obtenu un agrément d’intermédiation locative qui nous permet de louer auprès des bailleurs sociaux de grands appartements qui vont être proposés à la colocation et dans lesquels on va trouver des petites unités de vie, à savoir trois ou quatre personnes qui partagent le même appartement, qui mutualisent tout le nécessaire, que ce soit la salle de bain, la cuisine, etc. C’est préférable que de les loger chacun individuellement dans un petit studio, parce que le jour où la personne a un malaise, c’est plus facile. Nous venons d’obtenir l’agrément et nous allons nous lancer dans cette opération. Ce n’est pas simple, parce qu’il faut trouver les bons profils, des personnes qui organisent leur vie ici, qui désirent sortir du meublé ou du foyer et trouver dans la colocation un système économique, convivial. Un système qui leur permette de partager ce qui leur reste à vivre avec d’autres personnes qu’ils n’auront pas choisi, mais avec lesquelles la vie sera peut-être plus intéressante que de se retrouver tout seul. Nous espérons lancer ce projet cette année. Il ne suffit pas d’avoir un appartement, il faut proposer ces logements prêts à vivre c’est-à-dire équipés et de les rendre confortables avec un loyer minimum. On va pouvoir compter sur des aides pour proposer des loyers adaptés au revenu de ces personnes. Pour le moment, nous avons l’agrément pour Paris, ce n’est pas exclu que l’on s’ouvre plus tard à la banlieue. L’intérêt de ce dispositif que l’on appelle « domicile partagé », c’est qu’il y a un travailleur social qui s’occupe de ces personnes, qui les aide à faire connaissance avec leur nouvel environnement de vie et un suivi que l’on fait aussi au café social, une aide à l’organisation à la vie commune.

cafesocial.free.fr

Les préconisations de la mission

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