Nice : 300 professionnels de la petite enfance dans la rue
« Pas de bébés à la consigne », « Au feu les pompiers, y a les crèches qui brûlent ». Trois cents auxiliaires de puériculture et éducatrices ont défilé, hier matin, au centre de Nice.
Les personnels de la petite enfance s'étaient déjà mobilisés, il y a un an jour pour jour, contre une réforme des crèches qui permet d'augmenter les capacités d'accueil sans recrutement supplémentaire. Conséquence de ce mouvement national : des parents ont dû, en 24 heures, trouver une solution d'urgence pour faire garder leur enfant.
« Les parents nous comprennent »
À Nice, seuls 5 établissements sur 23 ont ouvert leurs portes. « Les parents nous comprennent très bien », affirme Pierrette, salariée d'une crèche du quartier Cimiez. Très remontée contre la loi de Nadine Morano (ex-secrétaire d'État à la famille et à la petite enfance), Pierrette exclut de pouvoir prendre en charge davantage d'enfants : « Vous savez, c'est un métier passionnant qu'on adore, mais on ne veut pas faire du gardiennage. Il faut une professionnelle pour huit enfants en âge de marcher. Si la loi est appliquée, ce sera une pour douze. Où trouver le temps de faire correctement notre travail, d'être à l'écoute des parents ? »
Parmi les manifestantes, défile Corinne Chaillan, une professionnelle de Valdeblore, présidente de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants. Appuyée sur une poussette, la représentante syndicale, surprise et ravie par la mobilisation de ses collègues, critique les projets gouvernementaux : « Nous avons négocié quatre mois pour finalement avoir un texte insatisfaisant qui ruine des années de travail. »
« Augmenter le nombre de places en crèche est indispensable, tout le monde est d'accord. Mais pas à n'importe quel prix. 200 000 places supplémentaires représentent 10 000 personnes à former en plus. Retravaillons sur un plan d'urgence pour la petite enfance. »
La situation est d'autant plus tendue que les restrictions de postes dans les écoles maternelles provoquent des dégâts collatéraux. « En 2002, 34 % des 2-3 ans étaient accueillis par l'Éducation nationale. Désormais, ils ne sont plus que 25 %. Ce qui induit des demandes supplémentaires en crèche. »
Michèle, auxiliaire de puériculture CGT, dénonce pour sa part la volonté politique de transférer la garde des petits à des assistantes maternelles privées, elles-mêmes encouragées à se regrouper dans une structure commune : « Elles peuvent être jusqu'à quatre dans un local, avec chacune quatre enfants avec beaucoup moins de contrôle qu'une crèche traditionnelle. »