Ce couple de Togolais réclame le droit d’asile en France, pour y vivre et travailler.
Ce couple de Togolais réclame le
droit d’asile en France, pour y vivre et travailler.
(Photo Patrice Lapoirie)
Ils se sont rassemblés, hier, devant le palais de Justice. Le Togolais Kuami Manounou et le Kurde Mehmet Yaman racontent leur parcours
«Les réfugiés ont un visage, une histoire, ils ont aussi des
droits. » Les humanitaires ont hissé la banderole tout en haut des
marches du palais de Justice, dans le Vieux-Nice. Hier, c’était la
journée mondiale des réfugiés.
Pour les associations de
protection, leurs droits sont toujours bafoués, y compris dans la patrie
des droits de l’Homme, y compris dans les Alpes-Maritimes et à Nice.
Comme en témoigne le sort réservé à une dizaine de familles tchétchènes
qui, ce lundi, vont se retrouver à la rue et sous la menace d’une
expulsion.
« Dans la Convention de Genève de 1951, dont la
France est signataire, le principe de non-refoulement est clairement
stipulé. Aucun Etat ne peut renvoyer un demandeur d’asile dans un pays
où il risque sa vie et un traitement dégradant », rappelle Gigliola
Caneschi, membre d’Amnesty International.
« J’aime
malgré tout ce pays »
Kuami Manounou et son
épouse Adjoavi ont fui le Togo en 2005. Partisan de l’instauration de la
démocratie dans ce pays d’Afrique occidentale, Kuami, qui est assistant
social, avait été emprisonné sans jugement. Torturé. « Simplement
parce que j’avais tenté de sensibiliser les jeunes aux questions
démocratiques. » Il réussit à s’échapper et se réfugie en France.
Là,
il doit encore fuir, mais cette fois, la police française. Un arrêté de
reconduite à la frontière a été pris à son encontre. C’est finalement
l’Italie qui le sauve en lui accordant le droit d’asile, au vu de son
parcours, de ses souffrances mais aussi de ses diplômes et de ses
capacités d’intégration dans l’Union européenne.
Mais Kuami
poursuit son combat : « Je suis francophone, c’est en France que
j’ai obtenu mon DEA de sociologie dans les années 1970. C’est ici que je
veux aujourd’hui vivre et travailler. Je cherche un contrat d’embauche
dans le domaine social. J’aime malgré tout ce pays et je veux le servir.
»
Kurde et poète en français
Mehmet Yaman,
lui, a eu davantage de chance : ce Kurde persécuté par la Turquie,
simplement pour avoir voulu défendre sa langue et sa culture, a été
emprisonné pendant 15 ans. Une fois libéré, il s’exile en France où il
obtient le statut de réfugié politique. Cet écrivain et poète, dont
plusieurs livres ont été publiés dans son pays, vit à Nice. La
nationalité française lui a été récemment accordée et il a commencé à
écrire des poèmes dans la langue de Molière…
Philippe
FIAMMETTI
pfiammetti@nicematin.fr