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Indésirables en France, de 2 à 102 ans
24 Avril 2010 Par Fini de rire
Un enfant de deux ans qui ne peut pas rentrer de vacances au pays avec ses parents. Un homme âgé refusé dans une maison de retraite faute d'un titre de séjour valable 10 ans. Et les travailleurs immigrés retraités sur qui pèse de façon prioritaire le soupçon de fraude aux secours sociaux.
Alors que les travailleurs sans papiers, soutenus par syndicats, mouvements politiques, associations, cinéastes et autres personnnalités, continuent une lutte exténuante pour obtenir une évolution réaliste du droit au séjour, la persécution des étrangers sans papiers se banalise en se tournant vers les "improductifs".
Ephraïm,
2 ans, que ses parents avaient imprudemment emmené en vacances au pays
sans prendre garde aux tampons autorisant son retour en France, va
enfin avoir un visa de retour, après 9 mois d'efforts de la famille et
de ses soutiens! Récit du RESF (Réseau Education Sans Frontières):
"Une
délégation de douze personnes, composée de deux élus de Champs sur
Marne, du maire de Mitry-Mory, d'une conseillère régionale Front de
Gauche, de membres de RESF et des parents du petit Ephraim est allée à
la préfecture de Melun, dans l'après-midi, pour débloquer la situation
et faire revenir, le plus vite possible, l'enfant en France.
Après
quelques heures d'attente et de multiples rebondissements, nous avons
obtenu un rendez-vous avec la secrétaire générale de la préfecture à
16h. Devant le complément d'informations apporté par les parents, nous
avons obtenu satisfaction: fax au consulat de Rabat, où se trouve
actuellement l'enfant, afin qu'il délivre un visa pour le retour
d'Ephraim.
Grande satisfaction de tous et immense joie
des parents qui attendent ce retour depuis 9 mois maintenant. Je tiens
à signaler quand même que nous avons été "encadrés" constamment par dix
fonctionnaires de police: sept en tenue, un commissaire et deux
officiers des renseignements généraux."
Ces jeunes
ouvriers nord-africains qu'on allait chercher pour les projeter au
coeur des "trente glorieuses" ont maintenant l'âge de la retraite, et
des ressources à l'aune de leurs maigres salaires d'alors. Certains
choisissent de finir leur vie ici et vivent dans des foyers. Il semble
bien qu'ils sont ces temps-ci la cible privilégiée des contrôles des
organismes sociaux. Le GISTI, association experte des droits des étrangers, alerte:
"Le collectif Justice pour les chibani-as
et les associations signataires dénoncent l’acharnement croissant de
certaines caisses de retraite, caisses d’allocations familiales et
administrations fiscales vis-à-vis des vieux migrants démunis. Sous
prétexte de lutte contre la fraude, la chasse aux vieux immigrés
pauvres habitant les foyers semble avoir commencé.
Dans un climat de mépris généralisé
vis-à-vis des habitants des foyers, se répandent les contrôles
discriminatoires et les demandes abusives de certaines caisses de
sécurité sociale (CRAM, CAF, MSA) aboutissant à des redressements et
des suppressions de prestations insupportables pour des personnes en
situation de précarité".
C'est peut-être pour éviter la
curiosité malencontreuse des administrations qu'une maison de retraite
de la région parisienne exige d'un client étranger en séjour régulier
qu'il puisse produire un titre valable dix ans. Récit de La Cimade:
"Nous avons reçu monsieur K., de Guinée Konakry, titulaire depuis cinq ans d'une carte renouvelable, pour raisons de santé. Il est venu
pour nous informer que la maison de retraite ... ne pouvait le prendre
car il n'avait pas de carte de résident (valable 10 ans).
J'ai téléphoné à cet établissement qui m'a confirmé le refus.
Renseignements
pris, il faudrait que monsieur K. essaie de demander une carte de
résident (il a 68 ans) avant le renouvellement de sa carte de séjour
'santé'. Il a de bonnes chances de l'obtenir (deux opérations à coeur
ouvert + ressources), il faudrait joindre au dossier une attestation de
la maison de retraite attestant la nécessité d'avoir une carte de 10
ans pour l'admission."
Martine et Jean-Claude Vernier