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14 avril 2010

[SONDAGE] La République est en danger !

Liberté, égalité, fraternité : toutes ces valeurs sont en très net recul dans notre pays, estiment la majorité des Français. Principaux responsables : la crise et le chômage.

Marianne, symbole de la République (AFP) Marianne, symbole de la République (AFP)

La République est malade. Les Français sont attachés aux valeurs qu'elle dessine. La liberté, surtout quand on est de droite. L'égalité, surtout quand on est de gauche. La fraternité enfin, quelles que soient les préférences politiques mais loin derrière les deux autres. Le problème, c'est qu'au-delà de cette classification très classique il y a un point qui fait, hélas ! l'unanimité : les Français aujourd'hui se rassemblent pour considérer, à de très larges majorités, que depuis une dizaine d'année la liberté est en recul, l'égalité en régression et la fraternité en berne.

Liberté
55% des personnes interrogées estiment que la liberté est en régression en France. Ce pessimisme n'est toutefois pas également réparti sur l'échiquier politique. 64% des sympathisants de gauche partagent cette opinion, contre 46% chez les sympathisants de droite. Quand on interroge les Français sur les causes de cette régression, le clivage est cependant plus social que politique. Si l'on prend les quatre items qui arrivent en tête - interdits dans la vie quotidienne, contrôles radars, protection des informations personnelles et liens des médias avec le pouvoir économique ou politique -, on s'aperçoit que les deux premiers sont surtout cités par les CSP-, les deux derniers par les CSP+. Chez les Français, très minoritaires (13%) et plus jeunes que la moyenne, qui estiment que la liberté progresse, ce sont l'offre d'internet et la baisse des tabous qui arrivent en tête des items proposés.

Egalité
Pour les Français, nous vivons dans une société de plus en plus inégalitaire. Dans la devise républicaine, c'est cette valeur-là qui régresse de la manière la plus spectaculaire. C'est également à ce propos que le clivage gauche-droite est le plus marqué. 74% des sympathisants de gauche pointent une hausse des inégalités contre 52% chez les sympathisants de droite. On notera cependant que, même chez ces derniers, la perception d'un recul de l'égalité républicaine est nettement majoritaire. Pour expliquer cette perception, c'est à l'évidence vers la crise et ses effets qu'il convient de se tourner. Deux items écrasent tous les autres : inégalités liées au salaire puis inégalités liées à la stabilité de l'emploi. Sur ce plan, il n'existe aucun clivage politique ou professionnel. Les inégalités liées à la couleur de la peau, à la nationalité et surtout au sexe arrivent très loin dans les réponses.

Fraternité
Dans la devise de la République , la fraternité est la valeur la moins prisée des Français. Certes, elle régresse pour 60% d'entre eux. Mais, à la différence de la liberté et de l'égalité, il existe un consensus politique pour dresser ce constat que partagent 61% des sympathisants de gauche et 60% des sympathisants de droite. Pour expliquer ce recul, c'est une fois encore vers la crise et effets qu'il convient de regarder. De manière massive, les personnes interrogées qui estiment qu'il y a de moins en moins de fraternité pointent les conditions de vie et la montée de l'individualisme. La perte des repères et des traditions ainsi que l'affaiblissement des liens familiaux font un tabac à droite, sans pour autant modifier sensiblement la hiérarchie des items proposés.

Les chiffres sont sans appel. La liberté, valeur à laquelle 47% des Français sont attachés en priorité, n'est en progrès que pour 13% d'entre eux. L'égalité, que 36% placent au premier plan, ne progresse que pour 6%. Enfin, ils ne sont que 8% à estimer qu'il y a de plus en plus de fraternité dans notre pays.

Perte de repères en plein coeur du quinquennat sarkozyste ? Pessimisme de crise ? Délitement du projet collectif qui fonde la République alors que reculent les frontières de l'Etat-nation ? Toutes ces explications se cumulent, et c'est précisément pour cela que le sondage Sofres-Logica réalisé pour l'association Lire la Politique est aussi alarmant. Ce n'était pas de l'« identité nationale » qu'il fallait débattre ces derniers mois, comme l'a décrété le duo Sarkozy-Besson. Le problème est ailleurs. Il est bien plus grave. C'est le moteur de la République qui est aujourd'hui grippé, sans que les solutions à cet immense malaise apparaissent très clairement.

Pour autant, les raisons concrètes de cette langueur républicaine ne sont pas inconnues. La liberté ne régresse pas de la même manière pour tous les Français. La ligne de clivage est sociale. Les catégories populaires sont encore plus sensibles que les catégories supérieures à la multiplication d'interdictions ponctuelles qui sont l'expression d'un contrôle social accru. Les CSP+ s'alarment des atteintes à la circulation de l'information, tandis que les CSP- s'inquiètent des restrictions mises à leur propre circulation (voir tableau). Il y a là l'expression d'un individualisme exacerbé, qui lui-même est par ailleurs tenu pour responsable du recul de la fraternité dans la France de 2010.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut aller au coeur du mal français. L'égalité n'est pas la valeur préférée de nos concitoyens, mais c'est autour d'elle que se cristallise l'essentiel de nos maux. D'abord parce qu'elle clive sur le plan politique : vingt points d'écart entre sympathisants de gauche et de droite dans la perception d'une société de plus en plus inégalitaire ! Avec, en arrière-plan, ce qui apparaît comme l'expression la plus spectaculaire de cette évolution, toutes catégories sociales confondues : l'inégalité devant le salaire et l'inégalité devant l'emploi.

On a là les effets massifs d'une crise qui déchire le tissu social et taraude le projet républicain. Comment dès lors s'étonner que celui-ci soit aussi peu incarné ? Quelle personnalité française symbolise le mieux la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité ? A cette question ouverte, près d'un Français sur deux ne parvient pas à répondre. Le premier nom qui sort n'est cité que par 5% d'entre eux. C'est celui de Simone Veil, suivi par l'abbé Pierre et... Coluche. Sans commentaire !

François Bazin

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